Tout commence lorsque Williams découvre un masque bon marché pour enfants, représentant un porc. Il décide de l'acquérir, et se laisse fasciner par ce personnage qui est en train de naître à travers ce masque, un nouveau lui-même, portant un masque animalier. Il se met à imaginer sa vie, à en prendre des photos jusqu'à décider de le filmer, en compagnie de son ami hollandais Nico Bruinsima, qui signe le film en tant que Nico B. La vie de ce porc humain, c'est celle d'un tueur dont nous ne voyons jamais le visage, qui porte rangers et treillis. Sa victime, qui n'est autre qu'un nouveau lui-même, volontaire, le suit menottée dans sa voiture jusqu'à arriver, toujours attachée, dans une maison abandonnée, perdue au milieu de la Vallée de la Mort, qui était habitée par la famille Manson. Le décor est froid, lugubre, cru, un désert à l'image de certains paysages montrés dans les films de Lynch. Comme pour le bourreau, la victime, un homme grand et mince, a le visage masqué et nous ne pouvons jamais voir ses expressions et ses réactions. Sa tête, comme ses bras, sont recouverts de bandes médicales, laissant seulement apercevoir un oeil, qui semble néanmoins terrifié. Dans toutes les circonstances, il restera apathique, inerte jusqu'à sa mort.
Dans la mallette du tueur se trouvent des seringues, des instruments chirurgicaux, des dominos, un livre pour enfants des années 70, Mr Pig and Sonny Too écrit par Lillian Hoban ainsi qu'une bible noire, un ouvrage écrit par Rozz Williams lui même, rassemblant des collages, des dessins tachés de sang, des symboles ainsi que des écrits qui vont guider le tueur. Ce livre, c'est Why God Permits Evil, qui n'a jamais été publié, qui serait un ancien testament écrit par l'ancien leader de Christian Death. C'est également le titre d'un morceau instrumental de Williams. Cet ouvrage commence par j'ai arrêté de lutter et j'ai fait ce que dieu attendait de moi, et c'est également le point de départ du processus meurtrier : cesser de combattre ses instincts, obéir à Dieu qui nous aime sales, meurtriers et laids. Mais cette purification par l'élimination d'autrui ne se fait pas dans la joie : le film est dénué de tout humour, et à l'inverse d'une oeuvre comme Guinea Pig II, plutôt gore bon enfant malgré le réalisme du dépecement de la victime et de sa mise à mort, il ne permet pas de prendre le recul nécessaire pour s'en détacher. Le tueur, apathique, ne semble pas particulièrement excité par ce qu'il accomplit, ce n'est pas le fou sanguinaire fantasmé par le cinéma hollywoodien. C'est un homme normal, qui accomplit sa sanglante besogne mécaniquement.