Le 27 janvier 1945, l'armée Rouge pénètre dans le camp de concentration d'Auschwitz et libère les derniers survivants. Le monde découvre un système d'une barbarie inouïe et jamais vue dans l'histoire de l'humanité : la Solution finale, les chambres à gaz et les fours crématoires. S'appuyant sur les meilleures sources historiques et sur une centaine d'entretiens inédits avec d'anciens bourreaux et des rescapés, Laurence Rees nous permet de comprendre de l'intérieur le fonctionnement de cette machine à tuer. La force et l'originalité de cette enquête unique sont de montrer comment les décisions qui ont abouti à la construction des camps ont mûri des années durant. Et l'on découvre, incrédules, qu'aujourd'hui encore nombre d'anciens nazis justifient leurs crimes par un simple et atroce : Je pensais que c'était une bonne chose.
Entre 1942 et novembre 1944, l'Allemagne nazie assassine dans les chambres à gaz d'Auschwitz -Birkenau plus d'un million de personnes, des Juifs européens dans leur immense majorité. Un Sonderkommando (unité spéciale), constitué de détenus juifs qui se relaient jour et nuit, est contraint d'extraire les cadavres des chambres à gaz, de les brûler dans les crématoires et de disperser les cendres. Quelques hommes ont transcrit ces ténèbres et ont enfoui leurs manuscrits dans le sol de Birkenau. Cinq de ces textes ont été retrouvés après la guerre. Aucun de leurs auteurs n'a survécu, les équipes étant liquidées et remplacées à intervalles réguliers. Ce sont trois de ces manuscrits, dans une nouvelle traduction du yiddish pour partie inédite en français, qui sont présentés ici. La terreur, qui est la règle à Birkenau, est la toile de fond de cette histoire. C'est d'elle dont parlent tous les manuscrits retrouvés. Du silence, de l'absence d'évasion, de ce monde à l'envers où le meurtre est devenu la norme et l'impératif moral d'un peuple saisi d'une angoisse obsidionale. S'y ajoutent les dépositions lors du procès de Cracovie en 1946, de trois rescapés des Sonderkommandos, témoignages qui confirment, entre autres, l'intensité du massacre des Juifs de Hongrie au printemps 1944, les documents d'histoire, les photos de déportations, les archives allemandes. Témoignages qui racontent la panique de la chambre à gaz, des victimes mortes asphyxiées, piétinées avant même que n'opère le gaz, dans des scènes à proprement parler inimaginables. Mais qui évoquent aussi la jouissance prise à humilier et à martyriser autrui, le sadisme sans limites, puisque tout était permis contre un peuple placé hors humanité.
Les souvenirs inédits et bouleversants de la secrétaire d'Hitler, qui ont inspiré le film La Chute. Une jeune fille de vingt-deux ans, qui rêve d'une carrière de danseuse, voit son destin bouleversé quand se présente en 1942 la chance de sa vie : Adolf Hitler lui demande de faire un test de dictée. Jusqu'à la mort du Führer, elle fut constamment à son côté, dactylographia ses discours, ses lettres, son testament, et l'accompagna dans ses derniers moments. Pendant toute la guerre, elle a, sans le savoir, participé à la plus monstrueuse des entreprises de destruction humaine. Tout commence par cette rencontre surprenante : elle qui attendait un tribun vociférant découvre un monsieur souriant et délicat, à la voix douce et modulée... Elle sera donc heureuse dans son travail, protégée par une figure paternelle, tenue à l'écart des opérations les plus secrètes. Quand les doutes surgiront, elle s'interdira d'aller plus loin dans l'investigation. Par loyauté autant que par confort, elle deviendra l'incarnation de ce que Hannah Harendt nommait la banalité du mal. Traudl Junge aura passé plus de cinquante ans de sa vie à essayer de comprendre son aveuglement. L'honnêteté de son témoignage et son absence de complaisance envers elle-même concourent à faire de ce récit un document capital. Est-on innocent quand on ne sait pas, ou est-on coupable de ne pas savoir.