Remisé dans un grenier depuis quarante ans, ce manuscrit constitue un témoignage historique de première importance sur l'univers concentrationnaire et les détenus.
Carl Schrade a en effet passé onze ans dans les différents camps de concentration du régime nazi. Arrêté en 1934 à la sortie d'un déjeuner pour quelques propos critiques lancés à table, ce jeune commerçant suisse décrit avec une précision extraordinaire la vie quotidienne des détenus et de leurs geôliers. Travaux épuisants, humiliations, crimes gratuits mais aussi épidémies, maladies, rapports humains réduits le plus souvent à la brutalité et à la violence.
Déplacé dans les principaux camps - de Dachau à Buchenwald ou Flossenbürg - au gré des contraintes de l'effort de guerre, Schrade livre une radiographie sans concession. Seule l'amitié de quelques camarades - dont le grand résistant français à qui il confiera son manuscrit - et le désir de témoigner le font tenir. Avec son écriture sans afféterie ni pathos et même ses inexactitudes, ce texte entre en résonnance avec ceux de Primo Levi ou d?Irène Némirovsky.
Alors que la défaite de l'Allemagne apparaissait inéluctable, trois cents survivants de la Division Charlemagne décident de lutter jusqu'à la fin et prêtent à nouveau le serment SS de servir « avec fidélité et bravoure jusqu'à la mort ». Ils sont dirigés sur Berlin, qu'ils traversent en chantant au milieu d'une population stupéfaite, alors que les forces soviétiques referment leur tenaille sur la ville.
Sur ces trois cents Français partis « mourir à Berlin » le 24 avril 1945, il n'en restera plus qu'une trentaine le 2 mai, jour de la capitulation allemande, qui verront s'écrouler l'univers national-socialiste dans le décor même du crépuscule des dieux.