De par sa dimension véritablement planétaire, la Seconde Guerre mondiale, le plus grand confl it de lhistoire par ses destructions, le nombre de ses victimes et les bouleversements provoqués dans lordonnancement du monde, a dominé le paysage mental de plusieurs générations dêtres humains. Malgré lextraordinaire profusion de livres, de films et de documentaires sur le sujet depuis presque soixante-dix ans, notre connaissance du conflit reste fragmentaire et souvent déformée par le prisme de l« histoire officielle » propre à chaque nation.
Antony Beevor, en déployant lexceptionnel talent de conteur qui a fait de Stalingrad, de La Chute de Berlin et de D-Day des best-sellers internationaux, réunit ici les éléments disparates de la petite histoire pour composer la mosaïque de la Grande Histoire telle quelle ne nous est jamais apparue, chaque élément prenant la place qui lui revient réellement. Sur la base de documents anciens comme darchives inédites, avec le style limpide et la compassion qui le caractérisent, Antony Beevor nous emmène de lAtlantique Nord au Pacifique Sud, de la steppe sibérienne au désert de Lybie, de la jungle birmane à Berlin sous les bombes, des lambris dorés des chancelleries à Leningrad assiégé, sans rien nous épargner des horreurs de la guerre, quil sagisse des Einsatzgruppen à larrière du front de lEst, des prisonniers du goulag enrôlés de force dans des bataillons-suicides, ou des exactions sadiques perpétrées par larmée impériale japonaise en Chine.
En peignant cette fresque aux proportions proprement héroïques, Antony Beevor ne perd jamais de vue le destin individuel des militaires et des civils dont les vies furent broyées par les forces titanesques déchaînées par ce conflit, le plus meurtrier de lhistoire de lhumanité.
Le débarquement allié en Normandie, le 6 juin 1944, passe à juste titre pour un des grands tournants de la Seconde Guerre mondiale ? à tel point que, dans l?esprit de nombreux Français, le reste de la guerre ne fut qu?une formalité. Or il n?en est rien. La bataille de Normandie fut longue, difficile, émaillée d?atrocités ? et décisive. D-Day et la bataille de Normandie est le premier livre d?historical narrative à l?anglo-saxonne sur ces trois mois de guerre totale publié en France depuis Le Jour le plus long de Cornelius Ryan. Antony Beevor a pu consulter des archives récemment ouvertes aux États-Unis et en Angleterre, mais aussi des documents inédits allemands, français et canadiens, et retrouver des enregistrements originaux, dont les debriefings des soldats américains sur le terrain, nous offrant ainsi une reconstitution entièrement nouvelle et à rebours des mythes dominants.
Avec son magistral Stalingrad, rapidement devenu un best-seller mondial, Antony Beevor avait réussi à donner toute son ampleur tragique à l'une des plus terribles batailles de l'histoire de l'humanité. Le récit de la chute de Berlin, qui consacre, en 1945, l'effondrement du Troisième Reich et du rêve hitlérien de domination mondiale, était, comme il le souligne dans sa préface, la suite logique de cet ouvrage, en même temps que l'évocation d'un drame humain à peu près sans précédent. C'est, en effet, avec une terrible soif de vengeance, après les exactions commises par les Allemands en Russie, que l'Armée rouge atteint les frontières du Reich puis s'approche inexorablement de Berlin, devenu pour elle l'antre de la bête fasciste. Et cette vengeance sera effroyable : villes et villages anéantis, civils écrasés par les chenilles des chars, viols et meurtres en série, pillage systématique. Des centaines de milliers de femmes et d'enfants vont périr, souvent de faim ou de froid, et plus de sept millions de personnes s'enfuiront vers l'ouest pour tenter d'échapper à la mort et à la terreur. Mais, en même temps qu'il est assailli par un ennemi à l'incroyable férocité - encore que quelques traits d'humanité viennent parfois éclairer une fresque digne de Goya -, le peuple allemand est souvent sacrifié par des gouvernants que l'orgueil et le fanatisme conduisent à l'aberration la plus meurtrière. S'appuyant sur des archives souvent inédites, Antony Beevor nous livre non seulement un document historique capital, mais aussi un grand récit tragique et poignant, où l'on voit se déchaîner, portées à leur paroxysme, toutes les passions humaines, où l'orgueil rejoint la folie, la ruse côtoie la bêtise, l'héroïsme cohabite avec la peur, l'abnégation avec la cruauté.
La bataille de Stalingrad représente sans doute le tournant principal de la Deuxième Guerre mondiale, en même temps que l'un des plus grands drames humains qu'ait jamais engendrés un conflit.
C'est à Stalingrad, en effet, sur les bords de la Volga, que se brisa à jamais, au coeur du terrible hiver 1942-1943, le rêve hitlérien de soumission de la Russie et de conquête d'un Empire oriental sans précédent pour le « Reich millénaire ». C'est là aussi et surtout que se brisa l'Armée allemande. La Wehrmacht, naguère triomphante, perdit à Stalingrad beaucoup plus que les 275 000 hommes pris au piège dans les ruines d'une cité devenue symbole. Elle y perdit son âme et la conviction de son invincibilité. Après Stalingrad, elle ne sera plus jamais la même.