Les « kommandos » extérieurs, rattachés aux grands camps de concentration, vont croître et se multiplier au fil des mois de guerre et, dans la dernière année, devenir tentaculaires. Certains camps centraux, comme Ravensbrück, donneront naissance à plus de cent sections qu?il leur sera impossible d?administrer, d?approvisionner, de contrôler. Les commandants locaux, nouveaux seigneurs féodaux, s?accommoderont fort bien de cet état de fait. Parfois, un kommando lointain, trop important pour être « abandonné » est rattaché à un camp-mère plus proche ou devient, tout simplement, indépendant et crée de nouveaux kommandos qui, à leur tour?
Tout au long des libérations du premier trimestre 1945, les Alliés découvriront ainsi plusieurs milliers de camps de concentration, comme si l?Allemagne n?était plus qu?un immense territoire-camp.
Pour la déportée, cette menace du kommando est permanente et c?est toujours avec angoisse qu?elle reçoit une nouvelle affectation.
Car, sous le nom de « kommando » se cachent d?autres « destinations » beaucoup plus inquiétantes que l?usine, la mine, le chantier : kommando du ciel (chambre à gaz et cheminée du crématoire), transport noir, kommando sanatorium ou kommando de convalescence (camp où l?on abandonne les malades sans soins, les valides sans nourriture jusqu?à ce qu?ils s?éteignent), Bergen-Belsen, camp où l?on pratique les piqûres de benzine dans le c?ur ou l?empoisonnement pur et simple comme au « camp de jeunesse » de Ravensbrück, enfin kommandos fictifs, kommandos Mittverda de Ravensbrück (Mittverda n?a jamais existé) : les déportées sont chargées sur des camions, embarquent parfois dans des wagons, roulent quelques heures et descendent au point de départ pour être dirigées vers une chambre à gaz